Parité de la vie et de la mort. La Réponse du médecin Gaultier

Series: Libre pensée et littérature clandestine

Volume Editors: Bloch, Olivier

Publication Date: 1993

Pages: 308

ISBN: 978-0-7294-0451-8

Price: £50

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About

Comme il arrive souvent dans le domaine des manuscrits clandestins, il s’agit ici non pas d’un ouvrage isolé, mais d’une série de textes imprimés et manuscrits qui entretiennent des rapports complexes. La source de cette série est la Réponse en forme de dissertation à un théologien […], écrite par Abraham Gaultier, médecin de Niort, et publiée avec approbation des théologiens et permis d’imprimer par Jean Elies à Niort en 1714. Le titre complet résume assez bien l’intention de l’auteur et la substance de son traité : « où l’on voit que la Vie et la Mort des minéraux, des Métaux, des Plantes & des Animaux, avec tous leurs attributs, ne sont que des façons d’être de la même substance, à laquelle ces modifications n’ajoutent & n’ôtent rien ». C’est donc un traité matérialiste qui affirme le caractère « absolument inconnu » de l’essence de la substance et s’insère ainsi dans la tradition sceptique illustrée par Gassendi. Par ailleurs, les formules sur l’unité et la permanence de la substance, sur la résorption en elle de tous les êtres, qualités et différences, sur la nécessité absolue de sa causalité, peuvent passer pour typiques d’un certain spinozisme, – c’est-à-dire du « système » matérialiste attribué par Bayle à Spinoza dans l’article de son Dictionnaire. Ce rapport au spinozisme fait d’ailleurs l’objet d’un commentaire dans les versions manuscrites qui dérivent de cette Réponse imprimée.

Dans cette édition minutieuse, Olivier Bloch présente les quatre états (deux imprimés et deux manuscrits) de l’œuvre : il présente d’abord l’auteur, le médecin protestant converti Abraham Gaultier (vers 1650-1720), connu par ailleurs par sa collaboration journalistique au Mercure savant de Nicolas de Blégny. La Réponse imprimée fait ensuite l’objet d’une édition intégrale et critique qui met en lumière la pensée matérialiste et critique, typique de la « crise de la conscience européenne » qui s’y exprime. La tradition manuscrite – sous le titre Parité de la vie et de la mort – révèle l’intérêt de ce matérialisme pour la philosophie des Lumières et aboutit à une édition tardive dans les Pièces philosophiques de 1771. Il s’agit donc d’un exemple caractéristique de la diffusion clandestine des idées philosophiques, d’une part par le va-et-vient entre imprimés et manuscrits, et d’autre part par le mélange de tradition érudite, de tactique polémique et de naturalisme biologique.